« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. » (Mc 9, 42)

Jésus est extrêmement sévère pour celui qui non seulement provoque un scandale, trouble l’esprit d’un « petit » qui croit en lui mais dont l’être lui-même est devenu un piège sur le chemin ce ceux qui le croisent. Que dirait-il aujourd’hui où nombre de ses disciples ont abusé de leur position pour détruire le corps et l’esprit, saccager l’âme de ceux qui leur étaient confiés ?

Impossible de se mettre à la place du Maître ! Accepter cependant d’ouvrir les yeux, non pour se repaître du mal – le danger de voyeurisme n’est jamais bien loin et notre complicité avec les puissances de mort, évidente – mais pour plonger dans ce double abîme qui s’ouvre sous nos pas. Abîme de souffrance des victimes, insondable. Abîme impénétrable de l’abjection et du péché.

Blessés que nous sommes face à une réalité sordide, retenons-nous de poser un jugement péremptoire. Il nous dédouanerait trop facilement, nous donnant le sentiment d’avoir les mains propres ! Si mon frère ou ma sœur sont capables de déraper et de persévérer dans le mal, rien ni personne ne peut me garantir que je suis à l’abri !

Impénétrable mystère de l’être humain qui peut receler au plus intime de lui-même le bon grain et l’ivraie de la perversité. N’oublions pas que cette ivraie est semée de nuit, par l’ennemi (Mt 13, 25). Cela n’excuse en rien celui qui la laisse envahir le champ de sa personnalité mais nous met face à une énigme.

Oui , il y a du non résolu en l’homme. Notre salut est dans une folle confiance en Celui qui sonde les reins et les cœurs.

Espérer pour tous, sans exclusive…

Sœur Bénédicte de la Croix