Nous attribuons au manque de confiance nos rendez-vous ratés avec la réalité : les examens auxquels nous échouons, les réalisations que nous n’achevons pas. Mais ce dont il est question, c’est de notre névrose et des deux logiques sur lesquelles elle s’appuie pour nous faire rester dans le monde connu, sans prendre aucun risque. L’idée, en premier lieu que « la vraie vie commence demain », quand nous seront prêts, suffisamment confiants, minces, forts, que sais-je. Et en second lieu, l’idée du « tout ou rien » : si je ne suis pas capable de franchir le fleuve, je ne mouillerai même pas un orteil. La seule manière d’entamer ces logiques, c’est d’admettre d’en faire « un petit peu dès maintenant. » Jouer trois notes à l’instant, sans attendre la minute d’après, avant de rêver d’être concertiste. Pour ces micro-pas, la confiance en soi n’est pas requise. Mais c’est ainsi qu’elle se construit peu à peu.

Anne Dufourmantelle