Faire silence est une œuvre consistante, un métier, une manufacture, parce que le silence est en vérité un tissu , un vase, une céréale, une matière première, une matière précieuse, en un mot parce qu'il est consistant. Il n'est pas de l'ordre du vide, mais de l'ordre du plein et, c'est comme du plein et non comme du vide qu'on le fait. Et il faut en faire le plus possible pour le monde, et il faut en moudre pour le monde, le plus possible, afin que le monde ait à profusion cette farine ; et il faut le calcifier, le sédimenter chacun en soi-même, le plus possible, pour que les autres, le monde, tout le monde ait de quoi s'en faire des maisons et des meubles et des ustensiles.
F Cassingena
J'entre en carême comme on entre en silence. Chut!