« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. » (Lc 9, 51) Sœur Jeanne d’Arc, excellente helléniste traduit : « il affermit sa face pour aller à Iérousalem. » Le Maître a pris la décision d’affronter les événements qui se dessinent, lui laissant entrevoir une mort violente. Il se met donc en marche résolument vers la ville sainte.

 Quelques versets plus haut, l’évangéliste a fait mémoire de la Transfiguration, insistant sur le changement opéré sur la face du Seigneur : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre. » Le narrateur a été marqué par le récit des disciples habitués à scruter ces traits familiers dans l’espoir d’y lire les réponses aux questions qu’ils peinaient à formuler.

Oui, « le visage parle », il parle d’infini comme l’écrivait le philosophe juif Emmanuel Lévinas et celui du Fils de l’Homme plus que tout autre. A notre tour, n’hésitons pas à contempler longuement le « Beau Christ » de saint Luc. Ces temps de ressourcement dans le silence de la prière nous conduirons à « en-visager » nos proches et pourquoi pas, nous-mêmes, sous un autre éclat, celui de la Transfiguration. « Le visage, devient le nom d’autrui, absolument Autre. »

Épiphanie des visages à des années-lumière des selfies !

Sœur Bénédicte de la Croix