Dès avant notre naissance, à peine formés dans la nuit du corps maternel, nous sommes en partance; en partance pour la vie, et déjà "en mourance" puisque les deux mouvements sont liés, que sans cesse il nous faudra passer d'un état à un autre et à la fin quitter l'enclos de la gestation où nous étions lovés, nous arracher aux eaux des limbes. (…) On n'accède à la vie, on ne s'y maintient, et on n'y croît qu'en partant constamment, qu'en mourant discrètement, par touches infimes, à soi-même en partant devant soi, en allant dans le temps jour après jour comme autant de marches, pas à pas – jusqu'à l'ultime pas au-delà. (…) Certains entrent moins en lutte qu'en étreinte et en danse avec ce Dieu dont le mystère leur est merveille et amour fou.
Pour ceux-là, lutteurs et danseurs enlacés vivacement à l'invisible, la partance et la mourance ne font qu'un. Un mouvement continuel – mais au rythme tortueux, irrégulier, syncopé d'imprévus – en forme de spirale ; et plus s'élève le mouvement tourbillonnaire, plus s'évase le creux dans le corps de la spirale qui devient pure énergie.
Sylvie Germain
J'aime cet allant de Sylvie Germain exprimant l'élan de la vie. Je songe à saint Nicolas de Flüe disant : « Il peut se faire qu'on aille à la prière comme à la danse, il peut se faire qu'on aille à la prière comme au combat » et si c'était le mouvement de toute vie, en partance pour la vie éternelle?