Les journaux, que je découvre chaque trimestre, me livrent leur masse de nouvelles. La guerre continue de sévir ; les violences, les massacres, les crimes. Les idoles se fracassent. Les révolutions se pervertissent. L'art transperce les terreaux. Les découvertes se multiplient. Les formes se métamorphosent. L'homme a-t-il réellement changé ? Nos connaissances s'accroissent, mais la question primordiale de notre venue, de notre absence au monde sera-t-elle jamais résolue ? Aucune action de notre époque ne m'indiffère ; j'ai même l'impression que les événements qui me sont transmis à travers ces lectures pénètrent par des voies mystérieuses dans la trame de ma composition. Je garde ainsi le sentiment que ce travail de fourmi débouche sur un univers plus vaste, dont les souffrances, les ressources et l'énigme me lient à tous mes frères de la planète. Illusion, peut-être ? Mais elle me conforte et m'anime.

Andrée Chedid